Les origines de Saint Martin sur le Pré
La région occupée par le village de Saint Martin était habitée depuis longtemps. La mise au jour, en 1875, à proximité du centre du village, d'une station préhistorique de l'âge de la pierre taillée, a révélé qu'un groupe d'individus vivait déjà à cet endroit plus de cinq mille ans avant notre ère.
Divers objets trouvés au même endroit ou en d'autres points du territoire, permettent d'affirmer que les environs du village ont été habités aux époques gauloise et gallo-romaine.
Trois siècles plus tard, le christianisme fait son apparition en Gaule.
Le grand Saint Martin, évêque de Tours, est de passage en Champagne et donne son nom à de nombreuses localités traversées.
Au Moyen-Age, l'histoire de notre village se confond avec l'établissement et le développement des biens écclésiastiques qui s'y forment dés le XIIème siécle, ceux de l'Abbaye de Saint-Pierre-aux-Monts et du Prieuré de Vinetz.
La communauté de Saint Martin fait partie du domaine de l'évêque comte de Châlons, qui renoncera à ses droits en 1329, au profit des religieux de Vinetz qui deviendront seigneurs de Saint Martin les Vinetz.
A la fin du XVIème siècle, apparaît le nom de Saint Martin sur le Prez.
Au XVIIIème siècle, on retrouve les formes primitives de Saint-Martin-les-Vinets ou encore de Saint-Martin-et-Vinets.
Vers 1812, la commune est définitivement appelée Saint Martin sur le Pré.
Pourquoi "sur le pré"? Parce que le village est situé à proximité d'une vaste prairie qui s'étendait jusqu'au lit de la Marne. Cette prairie servait de paturage commun. Elle était innondée chaque hiver, donc fertilisée par le limon du cours d'eau. Elle produisait une herbe de choix, qui pouvait nourrir une partie de l'année toutes les bêtes de la localité.
sources : monographie de M.Loir
L'ABBAYE DE SAINT-PIERRE-AUX-MONTS
L'Abbaye de Saint-Pierre-aux-Monts était un monastère d'hommes de l'ordre de Saint-Benoit, fondé, semble-t'il, à Châlons en 660 par l'évêque Landebert. Supprimé, il fut rétabli au XIème siècle. Les bâtiments de l'abbaye occupaient l'emplacement de l'actuelle Cité Administrative.
Très puissante, cette abbaye exerçait des droits seigneuriaux sur la vallée de Saint-Pierre, les églises St-Nicaise et St.-Jean, les Sept Moulins, la ferme de la Folie, etc. Les abbés de St-Pierre étaient seigneurs de nombreux villages tels que Compertix, Coolus. Ils levaient la dîme sur un grand nombre d'autres dont Saint-Martin. Plusieurs de ces abbés devinrent évêques de Châlons, le plus célèbre étant Cosme Clause.
Ils nommaient à la cure de Saint-Martin. Comme seigneurs et patrons de la paroisse, ils avaient surtout sous le rapport des cérémonies, une certaine autorité sur le prieuré des bénédictines de Vinetz, qui se trouvait dans l'étendue de leur seigneurie.
Tout en défendant âprement leurs droits, ils montrèrent souvent dans l'application ou la perception de ces droits, une grande modération à l'égard de leurs manants. Au fil des années et des siècles, l'abbaye étend peu à peu ses propriétés (elle possède la majorité des fermes et des terres sur le territoire de Saint-Martin), en même temps qu'elle s'efforce d'établir une autorité sans partage sur la paroisse et sur toute la région de Châlons jusqu'à la Révolution.
En 1789, l'Assemblée Constituante décida que les biens du clergé seraient considérés comme biens nationaux donc vendus au profit de la Nation. A Saint Martin, la ferme du prieuré de Vinetz et celles possédées par l'abbaye de Saint-Pierre-aux-Monts furent vendues dans le courant de l'année 1791.
sources : monographie de M.Loir et J.Chaumont
L'ABBAYE DE VINETZ
Au moyen-âge, le prieuré de Vinetz est un couvent de Bénédictines situé en bordure de l'ancien lit de la Marne (cette boucle de la Marne qui a fait place au canal et à la prise d'eau), à mi-chemin entre Saint Martin et Recy, au débouché de la voie des Nonnains (disparue en 1955). Non loin du prieuré se trouve une ferme avec ses dépendances. A l'origine, le prieuré dépend de l'abbaye de Juilly (en Seine-et-Marne), puis ensuite de celle de Molesmes (en Côte d'Or). Le hameau de Vinetz s'étend un peu plus bas et comprend quelques fermes (au XVIIème siècle, sa population atteindra 80 habitants)
Vinetz et Saint-Martin forment deux communautés distinctes qui font partie du domaine de l'évêque de Châlons. Vers la fin du XIème siècle, celui-ci déléguera une partie de ses pouvoirs aux religieux de la très puissante abbaye de Saint-Pierre-aux-Monts qui, dès lors, exerceront leur autorité sur les deux communautés.
Dès sa formation, le prieuré de Vinetz reçoit de nombreux biens immobiliers (donations, dots des religieuses.) qui vont lui permettre d'agrandir son domaine. Mais du XIVème au XVIIème siècle, le prieuré éprouvera bien des vicissitudes : conséquences de son isolement et des guerres civiles, notamment les ravages causés par les Anglais lors de la guerre de Cent Ans.
Les religieuses l'abandonneront une première fois au début du XVème siècle pour s'y rétablir une trentaine d'années plus tard. Mais elles se verront contraintes de l'abandonner une seconde fois en 1540.
Il sera détruit, ainsi que sa ferme, en 1544 lors du passage de l'armée de Charles Quint, qui après y avoir passé la nuit, y mettra le feu. Seule la petite chapelle sera épargnée.
Faute de moyens suffisants, il ne sera que partiellement reconstruit. Les dames de congrégation le réintégreront néanmoins en 1570, mais pour le quitter, définitivement, cette fois, en 1622. Elles iront s'établir à Châlons dans l'ancien couvent des Récollets, sis "rue aux vaches " devenue "rue de Vinetz ".
Au début du XVIIIème siècle il ne reste plus du prieuré que la maison du fermier, ainsi que la chapelle où, jusqu'à la révolution, on se rendra en procession. Cette chapelle a existé jusqu'en 1813.
sources : monographie de M.Loir et J.Chaumont